summertime bring me joy

SUNNYSIDE (1998) - PACEY & NEVEN
Une semaine. L’ennui le prenait déjà. Deux semaines. La chaleur se faisait écrasante, étouffante, suffocante ; mettant à fleur de peau la maigre patience du gamin. Sunnyside semblait vide, vide de sens, vide de tout intérêt. Trois enfants à charge, c’était trop aux yeux des parents Warholls, qui avaient décidé de sacrifier les vacances en famille au profit d’un été bricolage pour rafistoler les quelques trucs qui partaient en décrépitude dans la grande maison familiale. Un héritage ancestral transmis à travers les générations qui stagnaient dans ce coin perdu de l’Alabama : pour sûr, il se barrerait d’ici avant même que les autres aient eu le temps de dire ‘ouf’. Mains dans les poches, humeur exécrable à souhait, Neven fulminait encore de la dure matinée qu’il avait dû subir : pas même l’occasion de faire une grâce matinée, il avait fallu qu’il range toute sa chambre, histoire d’arranger un peu les choses après une année scolaire longue et périlleuse. Guère patient qu’il était, et légèrement bordélique sur les bords, alors que le soleil entamait déjà une chute dangereuse vers l’horizon, il avait seulement fini son dur labeur. Ses sœurs – comme à leur habitude – avaient été plus chiantes que jamais, elles aussi probablement déçues à l’idée de ne pas pouvoir partir découvrir quoique ce soit, encore moins la mer de Floride tant promise. Mais évidemment il avait fallu que Nichola fasse la fille modèle, réprimant ses deux cadets à la moindre pique acerbe franchissant leurs lèvres. C’était donc un grand besoin d’air pur, dont souffrait Neven, le gamin qui ne s’arrêtait jamais, qui, en temps normal, ne rentrait que pour dîner, vaquant à ses occupations comme si personne d’autre n’existait autour de lui : sauf que cet été, il se retrouvait désespérément seul. Un soupir le prit, alors qu’il comprenait d’ores et déjà qu’il n’avait qu’à peine une heure devant lui avant de devoir rentrer, affronter à nouveau les disputes de ses sœurs, et les plans de ses parents quant à la journée de demain.

Ce n’est qu’alors qu’il marchait qu’il fut interrompu dans ses râlages interminables par un cerf-volant, s’écrasant violemment juste devant ses pieds : un peu plus et ça l’aurait tué ! C’est du moins ce que pensait son esprit très énervé. Il s’était d’ailleurs préparé à crier sur le premier gamin se pointant dans l’idée de reprendre son jouet, mais à peine eut-il levé les yeux vers l’intrus, qu’il se tut. Crier sur une fille, ce n’était pas très classe, ô combien l’avenir ne le destinait pas à être le plus grand gentleman de cette planète. Il resta donc, interdit, fiché sur place à la toiser un moment, elle n’osait pas bouger, ni même parler et ça ne le surprenait même pas ; c’était bien pour ça qu’il se foutait de sa gueule constamment, ce mutisme agaçant dont elle faisait sans cesse preuve. « C’est toi. » Finit-il par souffler : génial, voilà qu’il se retrouvait avec la meilleure compagnie qui soit. Mais dans une attention passagère, incompréhensible et peut-être un quelconque sursaut de tendresse face à la vulnérabilité qu’elle affichait, ici, toute seule face à lui, il ramassa son cerf-volant pour le lui tendre. « Alors, toi aussi t’es là pour les vacances ? » La voir hésiter à répondre, bégayer légèrement ne le surprit pas, si bien qu’il soupira. « Laisse tomber… Au moins c’est rassurant de voir que je suis pas tout seul coincé ici. » Ce n’était pas dans ses habitudes de mâcher ses mots, ni même de faire preuve de la plus grande patience qui soit : de toute manière, au milieu de toutes les filles de sa fratrie (deux étant déjà largement suffisant) il avait appris à se démarquer et s’exprimer plus que de mesure.

we can burn brighter than the sun.

SUNNYSIDE (1998) - PACEY & NEVEN
Lentement mais sûrement, la fraîcheur reprenait ses droits, à mesure que les rayons de l’astre solaire se faisaient plus tamisés vers l’oranger. La journée était passée vite, furieusement trop vite, comme cet été dont les jours défilaient à toute allure. Fusant entre son esprit, entre ses doigts sans même qu’il ne puisse reprendre pieds. Sans même, tout simplement, qu’il veuille que ce cycle ralentisse un tant soit peu : car à chaque nouvelle journée se terminant, il n’attendait la suivante qu’avec plus d’impatience. Sans pouvoir se l’expliquer. Il ne se souvenait même plus de pourquoi il riait avec tant d’éclat, tant d’ardeur à faire souffrir les muscles de son ventre, à forcer ses mâchoires à en devenir douloureuses ; c’était simple comme tout, et pourtant compliqué à la fois. Peut-être était-ce le rire de Pacey qui était hautement contagieux, alors qu’elle s’émancipait comme jamais elle ne l’avait fait, offrant toute sa splendeur, toute sa différence aux yeux du jeune homme, à lui uniquement, ainsi qu’à toute l’appréciation qu’il pouvait en faire. Il s’était bien trompé sur son compte, à la croire inutile et stupide, voilà qu’elle se révélait être la meilleure compagnie qui soit pour cet été, un genre de camarade secrète, qui éveillait chaque fois plus encore la curiosité des deux sœurs Warholls, incapables de mettre un nom sur qui faisait sortir Neven si tôt, tout en le faisant rappliquer avec autant de difficulté le soir venu : à maintes reprises déjà cet été, il s’était fait réprimander par ses parents pour être rentré alors que la nuit commençait à étendre son voile sombre, et pourtant il n’avait jamais daigné donner la moindre explication. C’était un secret, un délectable secret, en cette présence inattendue. L’herbe fraîche du petit parc de la ville était leur recoin de retrouvailles, et ce soir, alors que le jour faiblissait, c’était ici qu’ils allaient devoir se séparer, pas très loin de la maison de la petite fille. Une dernière fois encore il posa son regard sur Pacey à côté de lui, qui fixait le ciel dans un léger sourire.

« Ton rire, on dirait un violon. » Réplique dénuée de sens, sortie de son esprit avec une telle facilité, presque dérangeante. Il la devina gênée par cette subite confession, tant et si bien qu’il détourna le regard pour le fixer à nouveau vers le ciel, chercher un appui quelconque pour reprendre ses dires, les étoffer un tant soit peu pour ne pas paraître complètement idiot. « J’veux dire… c’est joli. J’aime bien. » Peut-être qu’elle n’y croyait pas vraiment, de l’entendre dire tout ça, d’ailleurs au départ, il avait senti la méfiance de la petite fille quant à leur rapprochement subit et inexplicable : lui le gamin qui s’acharnait à se moquer d’elle à chaque fois qu’ils se croisaient dans un couloir à l’école, ou dans le cour de récréation. Il semblait être un tout autre gamin ces derniers temps, et toute aussi grisante cette sensation puisse-t-elle être, elle avait de quoi le désarçonner également. Pourquoi après tout ? Ce n’était certainement pas le désespoir de devoir passer l’été seul qui l’avait poussé à entretenir cette amitié avec elle, alors quoi ?! Il ignora les réponses que la demoiselle put lui fournir quant à sa révélation totalement déconcertante, se relevant rapidement, raide à nouveau comme s’il était à son tour gagné par une gêne incompréhensible. « Ehm. Je crois que je dois y aller. » C’était mieux comme ça, principalement pour lui, et c’est sans poser les yeux sur elle qu’il lui fit signe d’au revoir. « A la prochaine. » Pour sûr, si quelqu’un venait à apprendre les événements de cette soirée, il en entendrait parler toute sa vie, que ce soit par ses sœurs qui se feraient un plaisir de se moquer de lui, ou par Elijah qui lui ferait comprendre que finalement il avait bien raison de lui soutenir que Pacey n’était finalement, pas tant une bête de foire que ça.

doesn't mean i'm over cause you're gone.

SUNNYSIDE (1999) - ELIJAH & NEVEN
L’année scolaire avait ramené l’ordre des choses comme par miracle et les vieux réflexes du jeune homme avaient repris leurs droits, en même temps que ses camarades de classe dans son cercle relationnel. C’était comme si l’été dernier n’avait pas existé, suspendu dans un autre temps, une autre vie qui n’avait guère plus d’importance à présent. Pourtant, à de nombreuses reprises déjà, inconsciemment, nerveusement, ses yeux avaient arrêté leur trajectoire sur la place vide à quelques rangs de là. Nul besoin d’être un génie de la mémoire pour deviner à qui appartenait, il n’y a pas si longtemps que ça encore, ce petit bureau similaire à tous les autres, presque caché dans un coin à l’écart des regards indiscrets ; et s’il avait toujours eu une vue plongeante sur celui-ci, ce n’était qu’à présent qu’il s’en rendait ouvertement compte. Et à de nombreuses reprises appuyées et entêtées, Neven tenta en quelques signes lointains d’interroger Elijah, à l’autre bout de la classe : les deux éléments perturbateurs avaient bien entendu été séparés avec soin en cette nouvelle année, ce qui ne facilitait en rien l’épanchement de la curiosité grandissante chez le gamin. Et ce n’est que lorsque la cloche sonna la fin de la matinée que Neven eut l’occasion de fendre la foule, afin de pouvoir approcher son meilleur ami, faisant fi de la vague impression que celui-ci laissait derrière lui, comme s’il cherchait avec acharnement à éviter d’autres gens, et comme s’il avait ouvertement évité de nombreux signes de la part de son camarade. « Hey, tu sais où elle est passée Mellark ? » Curiosité déplacée, feinte malgré tout par un détachement certain dans sa voix, tout autant que dans le choix précis de ses mots, emplis d’une certaine moquerie difficilement jouée. Qui suffit cependant à attirer le regard noir de son meilleur ami, faisant naître un sourire narquois au coin des lèvres de Neven.

« Tu peux aussi l’appeler par son prénom, je pense qu’à force tu dois le connaître. » Pour sûr il le connaissait, mais pour se grimer un peu plus d’indifférence, il leva les yeux au ciel, insistant discrètement en pressant une de ses mains sur l’épaule de son ami. « Allez, je suis sûr que tu le sais… t’es tellement gentil avec elle. » Comme si c’était la pire tare du monde, et comme si, quelques semaines plus tôt, il n’avait pas été à l’affut du moindre moment passé avec elle. Le ricanement amer de Elijah l’exaspéra subtilement, creusant une certaine distance entre eux. « T’en fais pas, de toute manière je le saurais bien à un moment ou un autre. » Il semblait presque préparer de nouvelles piques à envoyer à la petite fille sitôt qu’elle daignerait revenir dans les rangs de l’école, reprendre sa place dans la classe, et reprendre son rang de martyr chahutée dans la cour de récréation. Il fallait croire qu’il était assez bon pour agir avec assez d’arrogance pour cacher la petite pique d’inquiétude et de curiosité qui bouillonnait dans ses tripes. Heureusement, il n’eut guère le temps de s’écarter de plus d’un pas qu’Elijah le retenait déjà, le toisant ouvertement. « Tu es sourd ou quoi ?! Elle est partie, partie de la ville. Tout le monde en parle depuis ce matin. » La surprise laissa le gamin silencieux, à sonder le regard vexé de son ami, qui semblait ouvertement lui en vouloir pour quelque chose. Comme si son habituelle attitude à lui avait pu provoquer le départ de Pacey : probablement que son départ était prévu depuis longtemps, voire même avant cet été. Mais il ne trouva pas le courage de répondre quoique ce soit, ni même à la seconde réplique cinglante de son meilleur ami. « T’es content maintenant ?! » Pas forcément, mais la réplique ne franchit pas ses lèvres, c’est à peine si elle se forma à sn esprit, qui, dans un réflexe d’orgueil, l’annihila aussi tôt. Tant pis, c’était comme ça que les choses devaient se passer, c’était ce qu’il s’acharna très vite à penser… et puis il ne pouvait plus rien y faire, de toute manière.

close enough to start a war.

SUNNYSIDE (2005) - NICHOLA & NYX & NEVEN
C’était stupide, fougueux à souhait et ça lui ressemblait tellement : avec une pointe d’énervement coincé dans la gorge, une pique douloureuse de rancœur dans les tripes, il s’afférait depuis de longues minutes déjà à soigneusement plier ses affaires. Dans la plus grande discrétion, du moins il l’aurait espéré jusqu’à ce qu’il entende des pas s’approcher dans son dos. L’accalmie soudaine ayant gagné les lieux l’aurait presque laissé croire qu’il était seul désormais, sa gorge encore écorchée de l’interminable dispute qui avait fait trembler les murs quelques heures plus tôt. « Je peux savoir ce que tu fabriques ? » Nulle surprise que celle de reconnaitre la voix de sa sœur aînée dans son dos. Il leva les yeux au ciel, en soufflant ouvertement, assez fort pour qu’elle l’entende sensiblement, rendant à nouveau la tension entre eux électrique à souhait. Tant pis, après tout ni Nichola, ni Nyx n’avaient été du genre à mâcher leurs paroles au moment où il avait osé entrer au milieu de leurs joutes interminables dans l’espoir de pouvoir calmer en quoique ce soit leurs prises de tête, quitte à y mettre son grain de sel. Après tout, il avait parfaitement compris qu’il n’était qu’un intrus à moitié désirable dans cette maison, ou même au milieu des deux jeunes femmes au caractère fort que ses sœurs avaient pu devenir : loin de lui l’envie pourtant de se pourrir la vie en d’interminables bagarres et bravades sans queue ni tête. Se redressant après avoir fini son sac, daignant enfin regarder sa sœur, qui, toujours aussi merveilleuse patiente, n’avait pipé mot, attendant tout simplement que son frère daigne dire quoique ce soit. Et c’est dans son talent d’indifférent affiché qu’il haussa les épaules, la toisant un moment tout comme elle le faisait en laissant ses yeux profondément bleus le sonder de haut en bas. « Ça se voit pas ? J’vais vous laisser un peu d’air, histoire que vous puissiez continuer à vous engueuler comme vous le voulez. J’ai bien compris que vous aimiez tellement ça que je faisais que gêner au milieu de tout ça. »

Evidemment cette réponse, il le devina aisément, eut le don d’exaspérer sa sœur aînée, qui laissa ses bras retomber le long de son corps dans une expression franche du dédain qu’elle avait pour lui subitement. « Alors quoi, tu comptes partir c’est ça ?! » Après tout, il n’avait jamais eu l’intention de rester enterré dans ce bled perdu, rien ne le retenait ici, pas même Elijah qui avait fait ses bagages il y a quelques temps déjà. Ironique, encore quelque peu blessé par les joutes acerbes de ses expertes sœurs, il esquissa un sourire moqueur, arquant un sourcil. « Quoi ? Tu vas me dire que tu vas me regretter, peut-être ? » Ils n’avaient jamais été une fratrie modèle, loin de là, toujours à être en compétition perpétuelle, les uns comme les autres à se chercher constamment des crosses. Il avait certainement mieux à faire de sa vie, mais cette idée semblait totalement déplaire à l’aînée de la famille : peut-être parce que par la même occasion, il lui crachait ouvertement toute son indifférence quant à son mariage imminent. Peu importait, il ne pouvait de toute manière pas saquer le mec avec qui elle s’était entichée, et il n’aurait fait que tâche au milieu de cette cérémonie obséquieuse. « Qu’est-ce qui se passe ? » Il souffla une nouvelle fois : celle-ci il ne l’avait pas entendue venir. Loin de lui l’envie de se retrouver encore entre ses deux sœurs décidées à l’incendier de tous les reproches dont elles pouvaient receler, il ne la regarda qu’à peine, avant de reprendre sa route vers la sortie de la grande maison : sans demander son reste, et surtout sans penser à s’expliquer plus que de mesure, ce qui eut probablement pour effet d’achever les maigres relations qu’il avait pu un jour entretenir avec ses deux sœurs. « Tu pars ? Sérieusement ? » Quant à Nyx, c’est surtout une moquerie passagère qu’il saisit dans sa voix. « J’vous laisse le soin de dire au revoir aux parents pour moi. » Ca ne leur importerait probablement que peu également, si lointain qu’il était du fils modèle qu’ils auraient pu vouloir avoir : pas aussi acharné que Nichola, et de loin pas aussi ambitieux et volontaire que Nyx, la tare de la famille en définitive. Et il comptait bien se défaire de cette image, rien que pour quelques années illusoires.

can’t erase, so i’ll take blame.

SUNNYSIDE (2012) - NYX & NEVEN
« Qu’est c’que tu fais là ? » La réplique dénotait de toute l’animosité qu’elle pouvait ressentir envers lui, exacerbant la culpabilité qu’il pouvait garder cloîtrée en lui depuis de nombreux jours déjà. Depuis que le couperet était tombé, en un coup de téléphone de son père, lui annonçant la funeste nouvelle. Mais c’est pourtant sans le vouloir et sans s’en rendre compte qu’il baissa légèrement les yeux, cherchant ses mots, qu’elle ne lui laissa pas le temps de proférer. « T’as perdu ton temps, c’était ce matin l’enterrement. » Comme s’il ne savait pas, à l’instant de frapper à cette porte qu’il avait manqué ce qu’il n’aurait dû manquer pour rien au monde. A savoir l’enterrement de sa sœur, celle-là même avec qui il avait coupé les ponts six ans plus tôt sans crier gare, sur une simple dispute qui, en temps normaux, ou dans une famille normale, aurait pu trouver une quelconque fin plus délicate. « Commence pas. J’ai fait une longue route, c’est pas pour me faire envoyer promener. » Il ne se rendit compte que ses défenses étaient totalement déplacées que lorsqu’il croisa les yeux de sa sœur cadette, qui auraient presque pu lui lancer des éclairs si c’en avait été humainement possible. « Mon pauvre petit, j’espère vraiment que c’était pas trop d’effort. Après tout c’est juste notre sœur qui est morte hein, pas de quoi se donner la peine de faire le déplacement. » Il n’y avait probablement rien à répliquer à tout ça, si ce n’est des excuses : de ces paroles qu’il n’avait jamais eu l’habitude de prononcer, trop fier, ou tout simplement parce qu’il n’en avait jamais ressenti le moindre besoin. Ce silence entre eux trois, qui avait duré toutes ces années, c’était également de leur faute à elles et il n’avait certainement pas l’intention de porter tous les tords à lui tout seul. C’est ainsi une certaine vague coléreuse qui lui donna le courage de revenir à la charge, juste sous le nez de sa sœur.

« Arrête un peu, j’ai fait c’que j’ai pu ! Je croyais que tu le savais déjà, que j’étais pas aussi parfait que toi, tiens. » Se prendre la tête pour tout et n’importe quoi, c’était décidément un don entre eux deux, elle se prépara d’ailleurs à répliquer, mais une petite tête brune apparaissant de l’intérieur de la maison les interrompit brusquement. Elle le jaugea d’un regard, lui interdisant la moindre entrée, s’acharnant à le repousser malgré le chaos qui englobait leurs vies à présent, et il se contenta de la toiser avec plus d’insistance encore, froid comme dans ces vieux réflexes de jeunesse : ils avaient beau avoir grandi, ils n’avaient pas changé. Et c’était pour ainsi dans ces circonstances, que Neven faisait pour la première fois connaissance avec sa nièce, sur le pas de sa maison d’enfance, non désiré visiblement, rejeté avec force et une amertume profonde. Comme si elle était la seule à avoir le droit d’être en colère.